La preuve du concept est faite : traiter un diabète de type 1 (DT1) par des greffes de cellules est valide et valable. La greffe d’îlots obtenus à partir de donneurs humains décédés est passée en routine depuis 2020, mais se heurte au manque de greffons disponibles, seulement 50 l’année dernière.
Depuis 2012, on peut produire des cellules souches pluripotentes à partir de cellules adultes du patient lui-même (ce qui a valu le prix Nobel à ses inventeurs). Cette technique, fondée sur un vecteur viral, qui pouvait faire craindre des risques de tumorogenèse, a évolué avec une différenciation chimique : les CiPSCs, pour chemically-induced pluripotent stem cells, ont fait l’objet d’une première publication en fin d’année 2024, sur une patiente chinoise atteinte de DT1 avec hypoglycémies itératives sévères (1). Les résultats sont encourageants, elle atteint l’insulino-indépendance au 75e jour, qui reste maintenue à un an, son HbA1c est de 4,8 %, son C-peptide basal de 0,7 nM et il n’a pas été détecté de tératogénicité, ni d’auto-immunité. « Ils devront être reproduits plus largement et par d’autres équipes, prévient le Pr Pierre-Yves Benhamou (CHU Grenoble), avec l’épée de Damoclès de l’oncogénicité, mais qui ne sera pas évacuée avant plusieurs années. » Reste aussi à démontrer que ces cellules seront effectivement mieux acceptées et moins rejetées.
Approche voisine mais qui n’a pas encore fait l’objet de publications dans de grandes revues, les cellules dites hypo-immunes, génétiquement modifiées pour être moins bien reconnues par le système immunitaire et donc non rejetées.
De son côté, la firme américaine Vertex a greffé 12 patients avec des cellules souches embryonnaires (issues d’avortements), transformées en cellules d’îlots, et a rapporté un taux de succès de 100 % au congrès américain de l’ADA 2024, avec un an de recul. Vertex avance donc, avec une étude de phase 3 pour des cellules souches embryonnaires sous couvert d’immunosuppression et avec une étude de phase 2, pour des cellules souches embryonnaires encapsulées, avec l’espoir d’éviter le recours à l’immunosuppression. Trois centres en France ont candidaté pour être centres investigateurs de ces essais : Lille, Strasbourg et Grenoble.
Entretien avec le Pr Pierre-Yves Benhamou (CHU Grenoble)
(1) Wang S et al. Cell. 2024;187:6152-64
Article précédent
Les multiples applications de l’IA dans le diabète
Édito : Une diabétologie en pleine dynamique
Incrétines : pourquoi si peu de persistance ?
Médicaments vs. chirurgie de l’obésité : il n’y a pas (encore) match
Le poids de la mémoire adipocytaire
À quoi ne servent pas les incrétines ?
Et si c’était un diabète monogénique ?
Les avancées de la cohorte SFDT1
Le diabète aussi a ses banlieues
Après l’HbA1c, de nouveaux indicateurs pour le suivi des diabétiques
Les multiples applications de l’IA dans le diabète
Nouvelles thérapies cellulaires du diabète
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024