Ischémie intestinale aiguë

Une nouvelle stratégie 

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Publié le 23/03/2017
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« La stratégie devant une ischémie intestinale était jusqu’ici, d’attendre l’indication de la résection intestinale, de sombre pronostic (70 % de mortalité). Le nouveau concept cible la viabilité de l’intestin : sauver l’intestin pour sauver le malade » souligne le Pr Corcos.

Une stratégie multimodale et multidisciplinaire (radiologie interventionnelle, chirurgie vasculaire, chirurgie digestive, anesthésie réanimation) coordonnée par le gastroentérologue peut inverser le pronostic. « Nous avons montré dans une étude pilote (1) chez des patients en forme aiguë, qu’il est possible de protéger l’intestin (résection intestinale nécessaire que dans 40 % des cas, survie proche de 90 %) et donc que l’ischémie est potentiellement réversible (2) » explique le Pr Corcos.

Le 1er stroke center de l’intestin

La Structure d’URgence Vasculaire Intestinale (SURVI) a ouvert à l’hôpital Beaujon en 2016 avec le soutien de l’APHP et de l’ARS. Ce Soins Intensif de Gastroentérologie accessible H24 (tel : 01 40 87 55 50) est dédié aux ischémies intestinales. L’admission se fait 24 heures sur 24 après accord (confirmation du diagnostic sur la clinique et le scanner). “En un an, 140 patients ont été pris en charge. La survie est de 87 %. Le taux de résection intestinale est amélioré par rapport à l’étude pilote (à peine 30 %). La mortalité est à peine supérieure à 10 % et chez 70 % de patients nous avons évité une résection intestinale. En vie réelle, nous confirmons, voire améliorons nos résultats ! », s’enthousiasme le Pr Corcos.

Diagnostiquer sans délai

Les formes précoces d’ischémie intestinale non encore chirurgicales et réversibles sont méconnues. « Une douleur abdominale inhabituellement intense, sans répit, nécessitant rapidement de la morphine, discordante avec un ventre souple doit alerter sur la possibilité d’ischémie intestinale (même chez le jeune, même en l’absence de facteurs de risques cardiovasculaires connus et même si les lactates sont normaux) et faire pratiquer un angioscanner (sans injection, avec temps artériel et temps portal) » invite à retenir le Pr Corcos.

 

D’après un entretien avec le Pr Olivier Corcos, hôpital Beaujon, Clichy
(1)Corcos O. et al., Clin. Gastroenterol. Hepatol., 2013; 11:158-65.e2
(2)Nuzzo A. et al., N Engl J Med. 2016; 375: e31

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9566