Comment abordez-vous la question des pesticides avec vos patients ?
Je le fais dans des circonstances particulières : un cas d’asthme, de pathologie allergique, un cancer en milieu rural… On peut alors se demander si la cause est environnementale. Face à une jeune femme enceinte ou désirant avoir un enfant, il faut poser la question de son lieu de vie, de son usage des pesticides domestiques et de son exposition professionnelle. Elle peut aussi consulter son médecin du travail pour savoir à quoi elle est réellement exposée. Il faut conseiller une « hygiène chimique », qui concerne les pesticides mais aussi les cosmétiques, les plastiques. Passer en revue tout cela prend un peu de temps mais nous avons un devoir de prévention.
Concernant les enfants, sur quoi mettez-vous l’accent ?
Les données de l’expertise Inserm sur l’impact des pesticides sur ce dernier sont très nettes. Il y a quelques mois, la présence de fipronil dans les œufs belges a fait scandale. Or il est présent dans le collier antipuce du chat que les enfants caressent ! Il ne faut pas oublier que, outre l’alimentation, les enfants sont exposés aux pesticides et aux insecticides domestiques.
Face à un agriculteur présentant une pathologie cancéreuse ou neurodégénérative, comment faire le lien avec l’exposition avec un pesticide ?
Le rôle du médecin n’est pas d’apporter la preuve du lien mais de « lever le lièvre », la loi est très claire. Si un médecin suspecte que la maladie d’une personne est liée à son travail, il doit absolument faire remonter cette information. Par exemple, si beaucoup de médecins déclarent avoir observé un sarcome des tissus mous chez des utilisateurs de tel pesticide, cela fera progresser la recherche d’un lien entre les deux. C’est très important.
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