L’ASTHME de l’enfant reste insuffisamment contrôlé en France en 2013, en partie en raison d’un sous-traitement (1,2). En pratique clinique quotidienne, les épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) apparaissent indispensables pour éviter le sous-traitement de l’asthme de l’enfant, non seulement quand elles modifient directement la décision thérapeutique, mais également, et c’est le cas le plus fréquent, quand elles confirment de façon objective une indication de traitement posée sur l’évaluation des symptômes. Elles permettent en effet de montrer à l’enfant et à ses parents, la nécessité (EFR anormale) puis l’efficacité (EFR améliorée, voire normalisée) d’un traitement de fond bien suivi.
Les critères de normalité de la spirométrie doivent être plus exigeants chez l’enfant que chez l’adulte pour s’adapter à la réalité de l’asthme pédiatrique. Il convient notamment de ne pas limiter l’évaluation au VEMS, mais d’inclure les débits distaux et d’accorder une grande importance à la réversibilité aux bronchodilatateurs d’action rapide (3, 4).
Cependant, il existe des arguments contraires, car la seule période de l’enfance durant laquelle la fonction respiratoire des enfants asthmatiques se dégrade se situe entre la naissance et l’âge de six ans. Or, durant cette période, l’EFR n’est pas recommandée car réputée difficile, voire non fiable. « De plus, les études interventionnelles n’ont pas démontré de bénéfice clinique ou fonctionnel, sur le long terme, apporté par un traitement précoce des nourrissons siffleurs », a déclaré le Dr Nicole Beydon (Paris). Après l’âge de six ans, le déficit de la fonction respiratoire, s’il est présent, reste stable jusqu’à l’âge adulte avec une moins bonne croissance pulmonaire chez les enfants asthmatiques actifs, indépendamment des traitements administrés. En conclusion, le suivi de la fonction respiratoire de l’enfant asthmatique permet de quantifier, sans les prévenir, les déficits respiratoires et de croissance pulmonaire.
D’après les communications du Dr Daniel Siret (Saint-Nazaire) et du Dr Nicole Beydon (Paris).
(1) De Blic J et al. Niveau de contrôle de l’asthme chez l’enfant en médecine générale en France : résultats de l’étude ER’ASTHME. Arch Pediatr 2007;14:1069-75
(2) Fuhrman et al. Caractéristiques des hospitalisations pour exacerbation d’asthme en pédiatrie. Arch Pediatr 2010;17:366-72.
(3) Groupe de recherche sur les avancées en pneumo-pédiatrie. Place des EFR
dans l’évaluation et la surveillance de l’asthme chez lenfant de plus de trois ans. Rev Mal Respir 2003;20 :638-43.
(4) Rufin P et al. Les explorations fonctionnelles respiratoires chez l’enfant. Rev Mal Respir 2009;26:1159-77.
Article précédent
Doit-on encore opérer l’enfant ?
Article suivant
Évolution de la prise en charge
Un diagnostic parfois difficile
Ne pas le sous-estimer
Trop de patients insuffisamment traités
Les ammoniums quaternaires en hausse
Purificateurs d’air « bio » : faire le tri
Des médiateurs de l’allergie
Doit-on encore opérer l’enfant ?
La place des épreuves fonctionnelles respiratoires
Évolution de la prise en charge
Faut-il un régime d’éviction ?
L’isothiazolinone en cause
La conjonctivite allergique en pédiatrie
... et celles des femmes
Les spécificités du jeune enfant...
Suffisants, peut-être...
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024