LES TESTS de détection d’interféron gamma (interferon gamma release assays ou IGRA) voient leur place s’élargir dans le dispositif de la lutte antituberculeuse. Le but des tests IGRA est de déceler des infections tuberculeuses latentes et de les traiter pour éviter l’évolution vers une tuberculose active contagieuse.
En ce qui concerne la progression vers la tuberculose maladie, le test IGRA est aussi prédictif qu’une IDR. Les valeurs prédictives négatives pour une progression vers une TB active sont comparables entre IGRA et IDR. L’IGRA apporte certains avantages par rapport à l’IDR, il permet notamment une augmentation de la spécificité : pas de faux positifs en cas de vaccination BCG. Ces deux tests sont toutefois dépendants du statut immunitaire du sujet.
L’étude TBNET, une grande étude multicentrique européenne a inclus plus de 2 000 patients dans 20 centres, porteurs de tous types d’immunodépressions (infection par le VIH, insuffisance rénale terminale, polyarthrite rhumatoïde, transplantation d’organes…) afin de comparer les résultats de deux tests IGRA (T-SPOT.TB et QuantiFERON-TB Gold) et de l’IDR dans ces populations d’immunodéprimés. Au total, on observe un grand nombre de résultats indéterminés chez les patients VIH et transplantés (rein, foie, poumon, rein/pancréas). L’IDR montre, en général, moins de résultats positifs que les IGRA dans chacun des groupes. Le risque de développer une tuberculose est plus important chez les personnes VIH+ et chez la moitié de ces patients, l’infection tuberculeuse latente n’était pas décelée par aucun test.
En pédiatrie.
« L’ampleur de la tuberculose est difficile à évaluer chez l’enfant, mais on estime qu’environ 70 000 enfants meurent chaque année de tuberculose dans le monde », a souligné B. Kampmann (Londres). Les enfants, très vulnérables, sont généralement contaminés par les adultes porteurs sains du bacille qu’il est donc très important de dépister et de traiter préventivement. En Europe, selon les résultats de l’étude TBNET, environ 40 000 cas de TB chez des enfants âgés de 0 à 14 ans ont été notifiés cette dernière décennie. Toutefois on note un léger déclin : le nombre de cas pour 100 000 est passé de 5,5 en 2000 à 4,2 en 2009. L’efficacité des tests IGRA a été évaluée dans une méta-analyse en 2010 (1), qui montre des performances équivalentes à celles de l’IDR pour la détection d’une infection latente. Cependant, les auteurs soulignent une grande hétérogénéité dans la méthodologie des différentes études, dans l’interprétation des résultats selon les pays et concluent qu’une approche rigoureuse et standardisée serait nécessaire. C’est ainsi que le groupe pédiatrie TBNET a étudié la sensibilité et la spécificité de ces tests chez des enfants dans les 27 pays membres de l’union européenne. Les premiers résultats montrent que l’âge est positivement associé à une réponse positive des tests IGRA et IDR. Donc plus les enfants sont jeunes et plus les résultats sont indéterminés (environ4 %).
Tester rapidement la résistance.
D’après les dernières données de surveillance de l’OMS, rapportées dans le Livre blanc de l’ERS (lire page 14), la prévalence de la tuberculose multirésistante (MDR-TB) est estimée en 2 011 à 630 000 cas. Vingt-sept pays sont classés à haut risque dont, parmi les premiers, les pays d’Europe de l’Est (ex Union Soviétique).
12 % de ces cas résistants sont aujourd’hui classés « extrêmement » résistants. La survie de ces patients est menacée à court terme. Des tests de sensibilité aux médicaments sont donc effectués, mais les tests standards actuels nécessitent un délai compris entre 21 jours et 3 mois, lié à la mise en culture des prélèvements. Le Pr Antonino Catanzaro (San Diego, Californie) a testé trois nouvelles méthodes d’analyse : le pyroséquençage (une technique de séquençage de l’ADN), le test GenoType HAIN (test qui détecte les mutations génétiques dans les bactéries) et le MODS (Microscopic observation drug susceptibility) versus les tests standards (2). Mille patients en Inde, en Moldavie et en Afrique du Sud ont été recrutés pour détecter les résistances aux médicaments (isoniazide, rifampicine, moxifloxacine, ofloxacine, amikacine, capréomycine et kanamycine). L’analyse a conclu à 15 jours de délai pour la méthode MODS, 8 jours pour le pyroséquençage et 5 jours pour le test de HAIN. Le test MODS, bien que moins rapide, est le moins coûteux. En résumé, ces trois tests apportent des résultats identiques aux tests standards, mais ils sont beaucoup plus rapides. Ils sont donc une alternative intéressante pour les patients.
D’après le symposium TBNET 2013 : latest results
(1) Mandalakas A. et al. Interferon gamma release and childhood tuberculosis systematic review and meta-analysis. Int J Tuberc Lung Dis. 2 011 Aug;15(8):1018-32. doi: 10.5588/ijtld.10.0631
(2) Catanzaro A. et al Rapid testing for drug susceptibility. OP 188
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