À peine évoquée la semaine dernière au sein de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), la limitation de la prescription des pilules contraceptives de troisième génération aux seules spécialistes semble d’ores et déjà abandonnée. « L’hypothèse d’une restriction de la prescription aux spécialistes serait le plus facile réglementairement mais ce n’est pas souhaitable. (…) D’autant qu’il n’y a pas assez de gynécologues. Ce n’est pas à l’ordre du jour », affirme le directeur général de l’agence Dominique Maraninchi au quotidien « Le Monde ».
Mardi dernier, il avait confié à l’AFP envisager cette mesure radicale si les actions de mise en garde de l’ANSM auprès des médecins prescripteurs s’avéraient insuffisantes pour réduire « l’emploi excessif » de ces pilules « 3G » dont le risque accru de thrombose veineuse est depuis longtemps mis en évidence. « Il s’agirait de réserver les conditions de prescriptions et de délivrance pour en limiter l’utilisation, pour être sûr qu’elles ne soient utilisées qu’en second recours et la réserver à des spécialistes », précisait Dominique Maraninchi.
Bronca des généralistes
Ces propos ont soulevé un véritable tollé parmi les organisations représentatives des généralistes. Tandis que MG France dénonce de « fausses solutions », le Syndicat national des jeunes médecins généralistes pointe l’incohérence de la mesure : « les taux de prescription des médecins révèlent que ces pilules sont préférentiellement prescrites par les gynécologues, les médecins généralistes en restant majoritairement à des prescriptions plus raisonnables et mieux validées », rappelle le SNJMG.
Après une première réunion de concertation vendredi en son siège avec des représentants de prescripteurs, l’ANSM veut se donner le temps de la réflexion et tenter d’apaiser les débats. « Il faut éviter à tout prix une crise de confiance dans les contraceptifs, qui pourrait déboucher sur une situation sanitaire lourde de conséquence », prévient Dominique Maraninchi.
Parmi les pistes en discussion, le directeur général de l’ANSM n’envisage pas « à ce stade » de suspendre la commercialisation des pilules « 3G » afin de « ne pas priver les femmes qui peuvent bénéficier en deuxième intention ». En outre, « si la France décidait une suspension en urgence, cela nécessiterait un arbitrage européen », ajoute-t-il.
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