Un risque mineur d'infarctus sous pilule de 3e génération

Publié le 05/01/2003
Article réservé aux abonnés

Après les publications alarmistes des années 2000 sur un éventuel risque cardio-vasculaire sous pilule de 3e génération, l'apaisement est venu du Canada, grâce à Walter Spitzer et son équipe. Il ont rapporté dans la revue « Human Reproduction », ainsi qu'au 11e  Congrès international sur la reproduction humaine, en juin 2002 , à Montréal, les résultats de leur analyse de sept études menées entre 1996 et 2001. Les conclusions en sont rassurantes.

Il ressort notamment que dans aucun des pays où l'utilisation de ces contraceptifs oraux de 3e génération a diminué, il n'a été noté de réduction significative des maladies veineuses thromboemboliques. Les investigateurs n'ont pas davantage noté de différence de risque relatif de survenue d'un accident vasculaire cérébral entre les pilules de 2e et 3e génération.

Risque relatif chiffré à 1,13

En ce qui concerne le risque d'infarctus, et c'est là l'objet de l'article paru dans « Human Reproduction », les chercheurs ont même mis en évidence un moindre nombre d'infarctus chez les utilisatrices de ces contraceptifs de dernière génération. Le risque relatif est chiffré à 1,13 avec ces pilules, par rapport à des non-utilisatrices. Le risque relatif d'infarctus attribué aux pilules de seconde génération par rapport à l'absence de contraception orale était de 2,18. « Néanmoins, nos résultats ne doivent pas conduire à recommander la 3e génération plutôt que la 2e, car les risques relatifs sont extrêmement bas et peu différents pour les deux types de pilule », précisent les Canadiens. En revanche, il semblerait préférable d'avoir recours aux plus récents des contraceptifs oraux chez les femmes plus âgées, aux antécédents familiaux d'infarctus, au profil cardio-vasculaire à risque ou consommatrices avérées de tabac.
Les études comparatives portant sur la fréquence des AVC, des infarctus ou des thrombophlébites des membres inférieurs sont nombreuses. Leurs résultats sont à analyser en fonction de la concentration en éthinylestradiol qui distingue la première génération des suivantes (le seuil étant à 50 μg). La différence entre 2e et 3e génération porte non plus sur l'estrogène (< 50 μg), mais sur la nature du progestatif (2e génération : norgestrel, lévonorgestrel ; 3e génération : désogestrel, gestodène). Le risque d'accident circulatoire inhérent aux contraceptifs oraux de première génération est connu pour être supérieur à celui de leurs successeurs. Le débat restait donc ouvert entre ces deux derniers.

Walter Spitzer et coll. « Human Reproduction », vol. 17, n° 9, pp. 2307-2314.

Dr Guy BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7245