LE SURPOIDS puis l’obésité sont un facteur de risque de nombreux cancers. Toutes les études vont dans ce sens qu’il s’agisse des cancers du sein, de la prostate ou du côlon. Il est donc essentiel de lutter contre la prise de poids lors du diagnostic de cancer, pendant et dans les suites du traitement. L’activité physique (AP) fait partie des éléments à mettre en place.
Les données concernant les relations entre AP et cancer concernent surtout le cancer du sein. Dans une cohorte de 272 patientes, traitées entre 2004 et 2006 au Centre Léon-Bérard à Lyon pour un cancer du sein localisé, 41 % des femmes étaient en surpoids ou obèses au moment du diagnostic, ce qui correspond au pourcentage de surpoids et d’obésité de la population française du même âge. En revanche, 60 % des femmes ont pris du poids dans les 12 mois suivant la chimiothérapie, par un mécanisme partiellement inexpliqué mais où la diminution de l’activité physique pourrait jouer un rôle. Rappelons que celle-ci, selon son niveau, est responsable de 15 à 50 % des dépenses énergétiques.
Les bénéfices de l’AP sur la survie ont été suggérés par les résultats de très nombreuses études prospectives. D’après une métaanalyse publiée en 2011 (1), une activité physique modérée à intense permettrait de diminuer de 34 % la mortalité spécifique du cancer du sein, de 41 % la mortalité globale et de 24 % le taux de rechute pendant et après traitement. Les bénéfices de l’activité physique sont également observés dans d’autres cancers ; l’AP améliorerait la survie après un cancer du côlon (2) ou de la prostate (3).
Il semblerait qu’AP et régression du cancer partagent certains mécanismes biologiques : réduction de l’adiposité, DIMINUTION des estrogènes et de la testostérone et augmentation des globulines sériques liées aux hormones. Le mécanisme passant par une augmentation de la sensibilité à l’insuline pourrait suggérer un mécanisme central impliqué dans l’AP et le cancer du sein et pourrait être indépendant de l’effet de l’AP sur le poids et l’obésité. L’AP semble également avoir un effet sur l’inflammation chronique par réduction de l’action de certaines cytokines et augmentation de la lipolyse.
Une étude pilote randomisée portant sur des femmes traitées par chimiothérapie pour cancer du sein non métastatique et soumises à une activité physique adaptée a été mise en place au Centre Léon-Bérard de Lyon (étude PASAPAS). Soixante patientes ont été incluses dans deux bras : l’un avec prise en charge diététique (20 patientes), l’autre avec prise en charge diététique et AP adaptée (40 patientes). Le programme d’AP consiste en deux séances hebdomadaires pendant 3 mois de gymnastique douce et de marche nordique. Les résultats, qui sont pour le moment à interpréter avec précaution, montrent une baisse de l’AP au moment de l’entrée dans la maladie et l’intérêt d’une AP dès la prise en charge d’un cancer du sein localisé.
Il est clair que les bénéfices de l’AP sur la survie restent à évaluer dans des essais randomisés multicentriques. Quoi qu’il en soit, les référentiels en soins gynécologiques de support ont édité récemment des recommandations pour AP adaptée pendant ou à distance des traitements d’un cancer du sein qui conseillent 30 minutes d’AP d’intensité modérée par jour. Les Recommandations pour la pratique clinique de 2009 préconisent d’intégrer une AP adaptée régulière (1 heure, 3 fois par semaine, d’intensité modérée), associée à une prise en charge diététique et d’éviter toute prise de poids.
D’après la communication du Dr Béatrice Fervers (Unité Cancer et Environnement, Centre Léon Bérard, Lyon), « Prise en charge nutritionnelle lors du traitement initial ».
(1) Ibrahim EM, Al-Homaidh A. Physical activity and survival after breast cancer diagnosis: metaanalysis of published studies. Med Oncol 2011;28:753-65.
(2) Meyerhardt JA, Heseltine D, Niedzwiecki D, et al. Impact of physical activity on cancer recurrence and survival in patients with stage III colon cancer: findings from CALGB 89803. J Clin Oncol 2006;24:3535-41.
(3) Davies NJ, Batehup L, Thomas R. The role of diet and physical activity in breast, colorectal, and prostate cancer survivorship: a review of the literature. Br J Cancer 2011;105:S52-73.
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