L’ÉPIGÉNÉTIQUE CONCERNE les caractères qui ne se transmettent pas génétiquement mais qui sont liés à la structure du gène. Elle étudie les changements d’expression des gènes survenant en l’absence de mutations de l’ADN, la séquence du gène n’étant pas modifiée. Les modifications génétiques sont en fait des modifications chimiques qui se superposent au génotype pour former un épigénotype. « Elles influencent l’expression des gènes et ont un fort impact sur le développement ou non d’un processus de cancérisation » précise le Pr Annick Harel-Bellan ajoutant que « la structuration du gène est liée à la chromatine composée de l’ADN et de protéines ». Parmi les modifications épigénétiques, c’est-à-dire non directement codées par la séquence de l’ADN, la méthylation de l’ADN, induisant la suppression de gènes et modifiant donc l’expression génétique, joue un rôle important dans l’oncogenèse ; cette modification épigénétique se transmet de génération en génération dans les cellules cancéreuses. De même, les modifications des histones, protéines les plus abondantes de la chromatine, peuvent activer ou réprimer des gènes. C’est pourquoi la thérapie épigénétique, en utilisant des inhibiteurs spécifiques de certains effecteurs épigénétiques, semble très prometteuse, certaines molécules étant déjà en essais cliniques. C’est le cas des inhibiteurs d’histones désacétylase (inhibiteurs HDAC) développés notamment dans le traitement de leucémies aiguës myéloblastiques (LAM).
PetitsARN.
Quant à l’étude des petits ARN non codants, elle fait également partie de l’épigénétique. Ces petits ARN interviennent notamment dans le contrôle de la prolifération et de la différenciation cellulaire. Or c’est justement cette fonction de contrôle qui est déréglée dans les premières étapes du cancer. Ils comportent plusieurs familles dont les microARN, les siARN… Les microARN sont les mieux caractérisés à ce jour. Au niveau cellulaire, ils contrôlent la prolifération, la différenciation et la mort programmée des cellules. Ils modulent l’expression des gènes en guidant un complexe protéique vers un ARN messager cible dont ils bloquent l’activité, soit en induisant sa dégradation soit en en bloquant la traduction. Ils ont un rôle certain dans l’apparition de leucémies et d’autres cancers.
Les siARN (short interfering ARN) sont une forme particulière d’ARN non codants. « Andrew Z. Fire et Craig C. Mello, rappelait A. Harel-Bellan, reçurent le prix Nobel 2006 de physiologie et de médecine pour avoir découvert l’activité de ces siARN en les imitant artificiellement ». Ils ont inhibé ainsi l’expression d’ARNm. L’objectif des chercheurs est donc de de fabriquer des ARN sur mesure pouvant bloquer l’ARN messager de leur choix et de taire le gène correspondant.
En laboratoire, les molécules de siARN sont utilisées pour réguler négativement l’expression de gènes cibles spécifiques dans une variété d’organismes et de types cellulaires. Ces techniques sont utiles pour explorer des gènes spécifiques et les fonctions des protéines pour identifier des cibles thérapeutiques.
D’après la communication du Pr Annick Harel-Bellan, laboratoire Epigénétique et Cancer, CNRS, CEA Saclay, présidente de la Société Française du Cancer, conférence de presse.
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