« Les recommandations visent à améliorer, normaliser les pratiques, sur des bases scientifiques. Mais elles ciblent un patient standard, pas spécialement aux urgences, et avec un niveau de preuve souvent limité », explique le Pr Frédéric Lapostolle (Samu 93, Bobigny). Dans les dernières recommandations européennes de prise en charge du syndrome coronaire aigu, sur les 100 recommandations de niveau I, seules un quart sont basées sur des études randomisation solides. Et au total, sur les 160 recommandations (niveau I et II), la plupart sont des consensus d’experts. Or, parmi ces experts, on ne trouve aucun urgentiste ! Seul un quart de page, sur 70, est consacré à la médecine d’urgence. « La notion de patient précoce, se présentant pour infarctus du myocarde dans les 2 à 3 heures, a disparu, alors qu’ils représentent la majorité de nos patients, reproche l’urgentiste. Les nouvelles recommandations les ont gommés, en fixant une cible d’angioplastie dans les 90 min pour tous. Alors que ces patients précoces relèvent d’une reperfusion urgente (angioplastie dans les 60 min ou à défaut thrombolyse). » L’équipe du Samu 93 a donc décidé de ne pas intégrer cette nouvelle pratique à ses protocoles. « On ne peut pas appliquer aveuglément des recommandations non adaptées. De manière générale aux urgences, il faut laisser la place à un consensus local, régional, adapté à la réalité du terrain, aux ressources et à la géographie. Dans le 93, les protocoles de prise en charge des SCA sont ainsi coécrits entre les urgentistes et les cardiologues », souligne le Pr Lapostolle.
Entretien avec le Pr Frédéric Lapostolle (Samu 93, Bobigny)
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