« La déficience en fer touche pourtant un cinquième de la population, » poursuit-il, « et presque la moitié des patients insuffisants cardiaques. Il s’agit d’un levier sur lequel on peut peser pour améliorer cliniquement leur état. »
La carence la plus fréquence en population générale
Dans le cadre de l’étude CONFIRM-HF, les chercheurs ont recruté 304 insuffisants cardiaques stables symptomatiques et déficients en fer dans 9 pays européens. La carence en fer était définie par un taux de ferritine sérique inférieur à 100 ng/ml, ou entre 100 et 300 ng/ml si la saturation en fer de la transferrine était inférieure à 20 %. « Cette définition de la carence en fer a déjà été utilisée dans d’autres études » précise Piotr Ponikowski.
La moitié de ces patients ont reçu des injections intraveineuses de carboxymaltose ferrique, jusqu’à atteindre un taux normal, tandis que l’autre moitié recevait un placebo.
L’amélioration de l’état des patients était évaluée à l’aide d’un test de marche. Au bout de 24 semaines de traitement, les patients sous carboxymaltose ferrique parcouraient 33 mètres de plus en 6 minutes que ceux du groupe placebo. Au bout de 42 semaines, cette différence s’élevait à 42 m, pour finalement revenir à 36 m à la fin de l’étude, à 52 semaines. Toutes ces différences étaient statistiquement significatives et résultaient de la combinaison d’une baisse des performances des patients du groupe placebo (-16 m en 6 minutes à 24 semaines) et d’une augmentation de celles des patients à qui l’on injectait de la carboximaltose ferrique (+17 m en 6 minutes à 24 semaines).
Les recommandations 2 016 en ligne de mire
« Le plus rassurant, » poursuit Piort Ponikowski, « c’est que nous avons observé des améliorations de scores de qualité de vie et de performance dans l’ensemble des sous-groupes, ainsi qu’une baisse de 30 % du risque d’hospitalisation due à une aggravation de l’insuffisance cardiaque. » Les auteurs de l’étude CONFIRM-HF espèrent que leurs résultats vont inciter les prochaines recommandations de l’ESC, prévue pour 2016, à mettre en avant la recherche systématique de la déficience en fer chez les patients insuffisants cardiaques.
Interrogé par « le Quotidien », le Pr Yves Juilière, président de la société française de cardiologie considère également que la ferritine et le taux de saturation en fer de la transferrine devraient être plus souvent recherchés pour détecter les taux de fer les plus bas et les supplémenter, « surtout chez les patients diabétiques » précise-t-il. Il estime toute fois que « cela ne veut pas dire qu’il faut mettre sous supplémentation en fer tous les insuffisants cardiaques. Les résultats ne sont pas tous concordants. Une amélioration de 33 mètres en 6 minutes de marche ne justifie pas des injections intraveineuses. »
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