Les avancées des boucles (semi-)fermées

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Publié le 15/05/2025

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Alors que les boucles réellement fermées, sans annonce des repas ni du sport, se font encore attendre, les données en vraie vie s’accumulent, révélant globalement les bénéfices des algorithmes.

Les dispositifs améliorent le contrôle glycémique et allègent la charge mentale
Crédit photo : GARO/PHANIE

« En France, plus de 50 000 diabétiques sont déjà sous boucle fermée, dont près de 5 000 jeunes de moins de 18 ans. Ces dispositifs améliorent leur contrôle glycémique et réduisent les hypoglycémies. Les IA intégrées se sont largement améliorées, et les systèmes gèrent désormais les glycémies avec davantage d’autonomie », résume le Pr Éric Renard (CHU de Montpellier et centre d’investigation clinique CIC Inserm 1411), président de la Société francophone du diabète (SFD).

L’annonce des repas et de l’activité physique est encore nécessaire avec les systèmes commercialisés mais les premières données avec les systèmes complètement fermés sont prometteuses, tels les résultats de l’essai australien Close-IT (1), qui montre une non-infériorité du temps passé à la cible à six mois sur 75 patients, entre un système semi-fermé et une boucle fermée (associant capteur Dexcom, pompe Ypsomed, couplés à un algorithme géré par un téléphone Android), sans annonce des repas.

Données OB2F

Porté par la SFD, l’Observatoire de la boucle fermée en France (OB2F) métropolitaine et Outre-mer rassemble 72 centres, dont 53 centres adultes et 19 pédiatriques, avec 38 CHU, dont 20 centres de référence diabète, 28 CHG auxquels s’ajoutent 6 centres libéraux. « Une étude menée sur 2 758 patients diabétiques, dont un demi-millier d’enfants inclus dans cet observatoire, a été présentée à l’ATTD. Avec un suivi à deux ans, les données confirment que ces boucles améliorent l’HbA1c dès trois à six mois et que les abandons sont rares : 8 % à deux ans », indique le Pr Renard.

Ces patients sont essentiellement des diabétiques de type 1 (DT1), mais pas que. Certains sont atteints de diabètes mixtes (lire p. 27), associant insulinopénie et insulinorésistance. « Ces DT1/DT2 mixtes sont particulièrement fréquents à La Réunion, où le diabète tend à être la double peine », souligne le Pr Renard.

Premières comparaisons de systèmes

Au sein de cette cohorte, les auteurs se sont penchés sur l’efficacité des deux systèmes avec lesquels les patients étaient équipés, à savoir le système Medtronic 780G (780G) et le système Tandem Control IQ (CIQ). L’analyse porte sur 1 281 adultes, recrutés dans 79 centres, chez qui une des deux boucles fermées avait été initiée au cours de l’année 2021 (2).

Un an après l’initiation, parmi les 641 patients sous 780G, 409 (64 %) dépassent le seuil de 70 % de temps dans la cible (TIR, pour time in range). Chez les 640 patients sous CIQ, seuls 291 (45 %) ont atteint cet objectif.

L’analyse multivariée montre que, quel que soit le système (780G ou CIQ), une HbA1c initiale basse et un TIR initial élevé sont indépendamment associés à un TIR > 70 % à douze mois. Les auteurs en concluent que « dans cette cohorte de diabétiques adultes dans la vraie vie, un bon contrôle glycémique initial (HbA1c basse, TIR) avant la mise sous boucle fermée est ce qui conditionne le plus un bon contrôle glycémique à douze mois (TIR > 70 %) ».

Bénéfice de l’initiation précoce

Le recours aux systèmes automatisés de gestion de l’insuline est désormais autorisé dès l’âge de 2 ans. Sur la base d’études démonstratives, la HAS a en effet publié en septembre 2024 une actualisation de ses recommandations. « C’est un énorme progrès, vu la difficulté que nous avons à équilibrer les très jeunes diabétiques de type 1 en pratique clinique », souligne le Pr Renard.

Une étude clinique italienne menée sur 16 enfants ayant développé un diabète précoce (avant l’âge de 2 ans) apporte des données avec douze ans de recul (3). Huit enfants ont été mis précocement (en moyenne deux ans après le diagnostic) sous gestion informatisée de l’insulinothérapie (techno), tandis que huit autres sont restés sous multi-injections (MI).

Ce travail met en évidence une réduction de 30 % des HbA1c dans le groupe techno, par rapport au groupe MI. Il n’y a pas de différence sur les acidocétoses ou les hypoglycémies.

Bien qu’il n’y ait pas de signes cliniques au niveau rétinien, l’épaisseur cornéenne centrale est significativement réduite chez les enfants sous MI vs ceux sous techno (255 ± 12 vs 271 ± 8 µm ; p = 0,002). On a par ailleurs observé, dans le groupe techno, une réduction mineure de la matière grise au niveau du lobe temporal système limbique (p < 0,001).

Entretien avec le Pr Éric Renard (CHU de Montpellier)
(1) ATTD, Cohen N ; Nanayakkara N et al. J Diabetes Sci Technol. 2024 Jul;18(4):889-96
(2) ATTD 2025, Joubert M.
(3) ATTD 2025, Olivieri G.