Selon le Pr Javier Gisbert (Madrid), dix erreurs sont à éviter en cas d'infection à Helicobacter pylori :
- Considérer un taux de guérison de 80 % comme satisfaisant. Il faut prescrire des schémas thérapeutiques qui permettent d’atteindre au moins 90 % d’éradication.
– Utiliser la triple thérapie standard dans les régions où elle n’est pas efficace. The European Registry on Helicobacter pylori Management cordonné par le Pr Javier Gisbert, montre pourtant qu’elle est encore utilisée dans plus de 50 % des cas (sur la période 2013-2018). « La triple thérapie permet tout au mieux des taux d’éradication de 75 %, affirme le spécialiste. Elle devrait céder la place aux quadruples thérapies. Ces dernières gagnent du terrain : elles étaient prescrites dans 60 % des cas en 2018 ».
Pour le Pr Francis Mégraud du Centre National de Référence des Hélicobacters à Bordeaux, « L’idéal est de tester la souche à la clarithromycine avant de traiter par trithérapie, avec des techniques de PCR en temps réel, maintenant commercialisées, qui permettent à la fois de détecter la présence de H. pylori et de tester sa sensibilité à la clarithromycine en identifiant l'une des mutations à l’origine de la résistance. Nous sommes en train de présenter le dossier du remboursement ». Mais la technique n’étant pas encore réalisée partout en France, un traitement probabiliste est pour cette raison généralement proposé, comportant un antibiotique supplémentaire, au sein d’une quadruple thérapie, qui s’avère efficace dans 90 % des cas. Et en effet, selon les données issues du « The European Registry on Helicobacter pylori », le taux d’éradication est passé de 74 % à 88 % entre 2013 et 2018, ayant surtout décollé à partir de 2017. Ces données sont à corréler avec la prescription croissante des quadruples thérapies aux dépens des trithérapies, constatée dans ce même registre.
- Prescrire la thérapie d’éradication pour 7 à 10 jours. Une durée de traitement de 14 jours est optimale (hors quadruple thérapie bismuthée), ce qui commence à entrer dans les pratiques (44 % des prescriptions européennes en 2018).
– Utiliser une dose standard d’IPP. Seules les doubles doses permettent un taux d’éradication satisfaisant.
– Sous-estimer le bénéfice de l’adjonction de bismuth au traitement antibiotique.
- Prescrire systématiquement une triple thérapie avec clarithromycine et métronidazole en cas d’allergie aux pénicillines. Dans les zones de forte résistance à la clarithromycine, la quadrithérapie bismuthée est préférable.
– Prescrire des probiotiques avec tout traitement d’éradication de H. pylori. Leur intérêt n’a pas été démontré à ce jour.
- Renouveler la prescription d’antibiotiques, principalement après échec du traitement d’éradication. Les résistances vis-à-vis de la clarithromycine, des quinolones et du métronidazole sont alors très élevées. En revanche, amoxicilline, bismuth et tétracycline peuvent être utilisés plus d'une fois chez la même personne.
– Ignorer l’importance de l’observance thérapeutique. Avec la résistance aux antibiotiques, c’est le principal facteur d’échec de l’éradication de H. pylori.
– Ne pas vérifier le succès de l’éradication une fois le traitement terminé au moyen d’un test respiratoire à l’urée marquée. Attention, la disparition de H. pylori et les symptômes gastriques sont imparfaitement corrélés.
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