Les angiodysplasies digestives se traduisent par des lésions vasculaires pouvant toucher l'ensemble du tube digestif : elles sont volontiers responsables d'hémorragies digestives. Or le traitement d'hémostase endoscopique qui est le traitement de première intention, ne peut malheureusement pas être proposé dans les cas d'angiodysplasies trop nombreuses et trop mal placées.
Des situations peu fréquentes mais graves
« Lorsque les lésions vasculaires sont trop nombreuses et trop mal placées, elles sont responsables de saignements multiples et récidivants, ce qui pose d'autant plus de problème qu'elles touchent avec prédilection des patients âgés et vasculaires, donc volontiers sous traitement antiagrégant ou anticoagulant. Même si ces patients sont peu nombreux, les hémorragies récidivantes dont ils sont victimes conduisent à de fréquentes hospitalisations. Plusieurs études avaient jusqu'ici montré que dans ces situations d'échec, un analogue de la somatostatine pouvait réduire les besoins transfusionnels des patients les plus touchés : cependant, il s'agissait d'études observationnelles. Pour la première fois, une étude de phase II multicentrique, prospective, randomisée, conduite sous l'égide de la Société française d’endoscopie digestive (SFD), a été menée avec un nouvel analogue de la somatostatine (Pasiréotide) » précise le Dr Benamouzig (hôpital Avicenne, Bobigny). Ses résultats étaient donc attendus…
Des résultats intéressants, à confirmer par une étude de phase III
Dans cette étude, ont été inclus 21 patients présentant une hémorragie digestive récidivante en rapport avec des angiodysplasies, en échec de traitement endoscopique et ayant nécessité des transfusions d’au moins 6 culots globulaires au cours des 6 mois précédant l’inclusion. À noter qu'il est assez difficile de trouver de tels malades car ce sont toujours les mêmes qui sont hospitalisés dans les différents services ! Après randomisation, ces patients recevaient soit une injection mensuelle intramusculaire de Pasiréotide 60 mg, soit un placebo et ce, pendant une période de six mois. Le suivi a ensuite porté sur six mois supplémentaires après l’arrêt du traitement. « Le besoin transfusionnel au cours de la période d’intervention était en moyenne de 21± 17 culots globulaires (extrêmes 4-60) chez les 9 patients du groupe placebo et de 4±4 culots globulaires (extrêmes 0-12) chez les 8 patients du groupe Pasiréotide (p = 0,0015). Cette étude randomisée ANGIOPAS a donc atteint son objectif puisqu'elle a permis de montrer, pour la première fois, l’efficacité du Pasiréotide dans la réduction significative du besoin transfusionnel lié aux hémorragies digestives par angiodysplasies non contrôlées par le traitement endoscopique. La poursuite avec une étude de phase III est en cours de discussion avec les industriels et nous espérons qu'elle pourra se faire prochainement » conclut le Pr Benamouzig.
D’après un entretien avec le Pr Robert Benamouzig, hôpital Avicelle (Bobigny)
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