Un autre regard sur le vieillissement

Le plaisir jusqu’en EHPAD

Publié le 05/05/2014
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Le vieillissement n’est pas le reniement le plaisir. D’après une enquête IPSOS* réalisée pour l’Institut du Bien Vieillir Korian, 91 % des plus de 65 ans déclarent bien vivre leur âge, dont 24 % très bien. Près de 7 seniors sur 10 s’estiment en très bonne condition physique ou psychologique et ils sont une majorité (59 %) à avoir le sentiment de contrôler leur vie, contrairement à la population active (40 % partage ce sentiment).

Le Dr Stéphane Sanchez, médecin de santé publique, a analysé ces données dans un article à paraître. « Les résultats du questionnaire élaboré par l’Institut du bien vieillir cassent les idées reçues. Contrairement à ce que les 15-64 ans pensent, il existe un plaisir à vieillir. Seulement 10 % des seniors se sentent exclus » et souffrent d’instants d’immense solitude au moins un jour sur deux, explique « au Quotidien » le Dr Sanchez. Les résultats de l’enquête IPSOS montrent en effet que 83 % des seniors disent volontiers que la vie est pour eux une source de plaisir, alors que leurs descendants sont seulement 51 % à penser que le plaisir dépasse la barre des 65 ans.

« Le lien familial et social, ainsi que la volonté de transmettre sont les principales sources de plaisir », décrypte le Dr Sanchez. Les seniors sont en effet 67 % à placer la famille comme source de bonheur (contre 72 % pour les 15-64 ans) et 44 % à évoquer les amis (contre41 %).

Projets de vie individualisés

Comment respecter ces plaisirs dans les EHPAD ? Le groupe privé Korian, leader en Europe, qui a notamment travaillé avec le centre éthique de Cochin, a développé une stratégie fondée sur la bientraitance et le respect des souhaits les plus intimes de ses pensionnaires, dès l’élaboration du projet de vie. Événements marquants de votre vie, goûts alimentaires, toilette, mais aussi rapport aux autres, sujets de discussions préférés, besoins affectifs ou tendresse, « un questionnaire très détaillé est soumis aux pensionnaires avant même qu’ils ne rentrent dans un établissement. Puis les premiers mois, on travaille avec eux et leur famille sur leurs souhaits », explique le directeur général adjoint, le Dr Philippe Denormandie. L’accent est ensuite mis sur la variété des activités, une bonne organisation, et le maintien du lien avec les familles. « On s’est aperçu que les activités pouvaient répondre à des troubles du comportement et nous sommes arrivés parfois à diminuer de 30 à 40 % l’administration de psychotropes », souligne le Dr Denormandie.

*Réalisée par internet du 13 au 21 novembre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 65 ans et plus, et en miroir, d’un échantillon de 1 002 personnes représentatif de la population de 15 à 64 ans.

Coline Garré

Source : Le Quotidien du Médecin: 9324