Si le calendrier annoncé par le gouvernement est respecté, à partir de 2015, tous les salariés exposés à des facteurs de pénibilité devront bénéficier d’un compte personnel de prévention de la pénibilité. Ce compte leur permettra, en fonction de leur niveau d’exposition à dix risques professionnels, de cumuler des points et de pouvoir bénéficier d’un départ en retraite anticipé ou d’une reconversion professionnelle. « D’ores et déjà, sont sortis au Journal Officiel les modèles de fiches que devront délivrer les employeurs aux salariés concernés. Ces fiches répertorient les facteurs de risques de pénibilité réglementaires, explique le Dr Brigitte Pamart, médecin du travail à l’usine Renault de Douai. Trois sont liés à des contraintes physiques marquées : les manutentions manuelles de charges, les postures pénibles définies comme positions forcées des articulations, les vibrations mécaniques. Quatre à un environnement physique agressif : agents chimiques dangereux – y compris les poussières et les fumées – activités exercées en milieu hyperbare, températures extrêmes et bruit. Enfin, trois facteurs sont liés aux rythmes : le travail de nuit ; en équipes successives alternantes ; et répétitif, caractérisé par la répétition d’un même geste ».
Le médecin du travail sera destinataire de la fiche qui devra être délivrée par l’employeur. « Notre rôle sera de conseiller l’employeur et de lui proposer des aménagements dans la mise en œuvre des plans de prévention. Car la logique de la loi n’est bien sûr pas de maintenir le salarié dans des travaux pénibles pour lui permettre de partir plus tôt à la retraite. Le volet préventif est essentiel. Le fait de recenser les salariés ainsi exposés à des facteurs de pénibilité permettra de prioriser les risques et proposer des reconversions professionnelles à chaque fois que cela sera possible », souligne le Dr Pamart. Celle-ci évoque un autre aspect de la pénibilité, non indiqué dans la loi : la « pénibilité perçue ». « Certains salariés – qui ne sont pas concernés pas les critères de pénibilité retenus dans la loi – peuvent avoir une perception négative de leur travail, notamment en raison de facteurs de risques psychosociaux. C’est le cas par exemple de certaines personnes au contact du public. Et il est possible que ces salariés se sentent aujourd’hui frustrés et inquiets que leurs conditions de travail, n’entrant pas dans les critères de la loi, ne soient plus considérées comme étant pénibles », souligne le Dr Pamart.
D’après un entretien avec le Dr Brigitte Pamart, médecin du travail à l’usine Renault de Douai.
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