La notion de pénibilité se fonde actuellement sur les caractéristiques du poste de travail (contraintes, rythme, environnement physique) et non pas sur les capacités du salarié, en particulier cardiorespiratoires, qui peuvent être altérées par différentes pathologies ou traitements. « Une chimiothérapie peut entraîner une altération des mécanismes de transport périphérique de l’oxygène, une bronchopneumopathie chronique obstructive peut limiter les capacités ventilatoires et musculaires et un antécédent d’infarctus du myocarde réduire la fraction d’éjection ventriculaire », rappelle le Dr Sébastien Hulo (Lille).
Il apparaît ainsi important d’évaluer les capacités cardiorespiratoires du salarié, en s’aidant d’outils cliniques et paracliniques, afin de les confronter aux contraintes du poste de travail. « Lorsque le médecin du travail formule un avis d’aptitude, il évalue l’adéquation entre les possibilités cardio-respiratoires du salarié et les exigences de son poste de travail, en adaptant si nécessaire son poste de travail », précise le Dr Hulo.
La première étape de cette évaluation est bien sûr clinique : interrogatoire et auscultation cardiopulmonaire. L’épreuve de Ruffier, réalisée en consultation, peut donner une indication sur les capacités du salarié à l’effort, qui sont également évaluées en recourant à la cardiofréquencemétrie. Il existe en effet une relation linéaire entre la consommation d’oxygène et la fréquence cardiaque pour des valeurs comprises entre 15 et 85 % de la consommation maximale en oxygène.
L’épreuve d’effort métabolique, qui étudie le parcours de l’oxygène de l’inspiration à sa consommation au niveau des muscles, est insuffisamment utilisée. Elle peut être prescrite dans un cadre réglementaire, chez un salarié travaillant dans un milieu hyperbare par exemple, mais aussi après un syndrome coronaire aigu pour mieux apprécier la possibilité de la reprise du travail ou encore pour évaluer la possibilité du maintien dans un poste en cas d’évolution d’une BPCO. Une correspondance peut être établie entre la consommation d’oxygène maximale et les taches professionnelles réalisables, en se basant sur la notion de MET (Metabolic equivalent of the task). Un compendium des activités physiques, régulièrement mis à jour, recense le nombre moyen de MET nécessaires pour effectuer des tâches données. Un travail de bureau nécessite par exemple 1,5 MET, tandis que l’utilisation d’un marteau-piqueur en requiert 6,3.
D’après un entretien avec le Dr Sébastien Hulo, Service des Explorations Fonctionnelles Respiratoires, Laboratoire Universitaire de Médecine et Santé au Travail (EA 4483) - CHRU de Lille, Université Lille 2 Droit et Santé.
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