Une enquête prospective multicentrique réalisée en 2013 par la Société française d’orthopédie pédiatrique (SoFOP) et portant sur 182 enfants (208 hanches, 20 garçons, 12 filles) dont la Luxation congénitale de la hanche (LCH) a été diagnostiquée après l’âge de trois mois évalue l’incidence de ce diagnostic tardif à 0,1/1 000. La luxation était bilatérale dans 14 % des cas. L’âge moyen lors du diagnostic était de 12,7 mois (3 à 78 mois). Le pic de fréquence du diagnostic se situait entre 12 et 18 mois, soit l’âge d’acquisition de la marche. Un facteur de risque (présentation par le siège, antécédent familial du premier degré, autre anomalie orthopédique posturale : genou recurvatum ou torticolis congénital) a été retrouvé dans 24 % des cas. Une échographie avait été réalisée dans 13 % des cas et une radiographie dans 76 %. Le traitement de ces LCH a été orthopédique pour 136 d’entre elles (75 %) et/ou chirurgical pour 102 (56 %). La durée moyenne d’hospitalisation a été de 19 jours (1 à 75 jours) soit 3 575 journées d’hospitalisation et un budget d’environ 3,5 millions d’euros.. .
L’insuffisance de dépistage de la LCH a incité la Haute Autorité de santé (HAS) à promulguer des recommandations en novembre 2013. La HAS rappelle que la LCH dont l’incidence en France est estimée à 6 pour 1000 naissances, avec une forte prédominance féminine, bénéficie largement d’un diagnostic dans le premier mois de mois de vie qui permet un traitement « plus efficace, moins agressif, moins long et moins coûteux ». Le diagnostic repose en premier lieu sur l’examen clinique, obligatoire et répété lors de chaque examen systématique de la naissance jusqu’à l’acquisition de la marche Si cet examen est anormal (anomalie de l’abduction, instabilité [signe du ressaut ou du piston]), une échographie est indiquée ainsi que le recours à un avis spécialisé. Si l’examen clinique est négatif mais qu’il existe un facteur de risque, une échographie ciblée sera réalisée entre 4 et 6 semaines. En l’absence de facteurs de risque l’examen clinique des hanches sera répété jusqu’à l’âge de la marche. La HAS rappelle également que la radiographie n’a plus sa place dans le dépistage de la LCH.
Pour ne pas rester lettres mortes, ces nouvelles recommandations devront s’assortir d’un effort pédagogique à travers des ateliers pratiques, un compagnonnage dans les services, l’inscription du dépistage de la LCH dans les programmes de Développement professionnel continu (DPC, etc.). Des études épidémiologiques prospectives seront nécessaires pour, entre autres, comparer le dépistage préconisé actuellement à celui associant examen clinique et échographie systématique. Une amélioration du carnet de santé serait également souhaitable, pour informer les facteurs de risque et l’importance des manœuvres de dépistage. « La LCH n’est pas accessible à la prévention, a rappelé Rémy Kohler. Il faut donc, tous ensemble, resserrer les mailles du filet du dépistage, en sachant aussi que le dépistage de 100 % des LCH est impossible, d’autant que quelques cas rares cas se révèlent tardivement ».
D’après la communication du Dr Rémy Kohler, hôpital femme-mère-enfant, Bron.
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