Ses modalités ont évolué avec les années et elle est aujourd’hui commencée chez tous les nourrissons, avec ou sans antécédents allergiques, entre 4 et 6 mois.
La diversification alimentaire est définie comme l’introduction d’aliments autres que le lait dans l’alimentation du nourrisson. « Son principal intérêt est l’introduction de nouveaux allergènes et donc l’induction de la tolérance », insiste le Pr Patrick Tounian. Elle permet également de développer le goût par la découverte de nouvelles saveurs et textures.
Entre 4 et 6 mois
La réalisation pratique de la diversification est simple. Elle est débutée chez tous les nourrissons entre 4 et 6 mois, que ces derniers aient ou non des antécédents d’allergie et qu’ils soient nourris avec une préparation ou avec le lait maternel.
« Il est désormais universellement recommandé de ne différer l’introduction d’aucun aliment, y compris des plus allergisants comme l’œuf, le poisson, les fruits exotiques ou encore les fruits à coques », souligne le Pr Tounian.
La précocité de l’introduction des allergènes et l’augmentation progressive des quantités ingérées par le nourrisson favoriseraient l’acquisition de la tolérance alimentaire.
Idéalement, il faut commencer par de petites quantités, proposer des aliments (et donc des allergènes) variés et augmenter progressivement les portions.
Chez le bébé nourri avec une préparation pour nourrisson, il est assez facile d’ajouter une à deux cuillerées de purée de légumes ou de fruits dans le biberon. En cas d’allaitement maternel, l’introduction de petites doses de purée de fruits et légumes est faite directement à la cuillère.
Il est préconisé de ne pas mélanger plusieurs aliments s’ils sont potentiellement allergisants : pas de poisson et d’œuf en même temps, par exemple.
Les quantités sont augmentées progressivement, ce qui permet au nourrisson de prendre tout un repas à la cuillère, en général celui de la mi-journée, vers l’âge de 5-6 mois. Ensuite, il s’agit d’un élargissement progressif, en veillant impérativement à conserver un apport minimal quotidien de 500 mL de lait jusqu’à l’âge de 12 mois, quantité indispensable pour assurer les besoins nutritionnels.
L’éventail gustatif
Les travaux sur l’éducation du goût suggèrent que plus le nourrisson est confronté à des nouvelles saveurs tôt dans la vie, plus il appréciera une plus large palette d’aliments plus tard. « Ces études présentent de nombreux biais, notamment parce qu’elles se fondent sur des enquêtes menées auprès des parents et ne constituent donc pas une preuve formelle de l’impact de cette approche », souligne le Pr Tounian qui estime toutefois que diversifier les aliments peut probablement élargir l’éventail gustatif. « Mais si un nourrisson n’apprécie pas un aliment, il ne faut pas tomber dans une attitude excessive en le lui représentant de multiples fois jusqu’à ce qu’il l’accepte : certes, il finira souvent par le consommer après dix ou vingt présentations, mais quel en est l’intérêt ? »
Gluten : entre 4 et 7 mois
L’introduction du gluten est réalisée impérativement entre 4 et 7 mois chez tous les nourrissons dans le cadre de la prévention de l’intolérance au gluten, « qui reste peu fréquente », rappelle le Pr Tounian. Elle se fait là aussi progressivement, avec des céréales pour nourrissons. Les céréales sans gluten n’ont que quelques indications chez des nourrissons de moins de 4 mois.
Dr Isabelle Hoppenot
D’après un entretien avec le Pr Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastro-entérologie pédiatriques, hôpital Armand-Trousseau, Paris
Lien d’intérêt du Pr Patrick Tounian : Blédina, Nestlé, Mead Johnson, Novalac, Carrefour
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