Gestion des comorbidités dans la polyarthrite rhumatoïde

Les bénéfices d’un programme infirmier

Publié le 02/12/2013
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LES PERSONNES atteintes de polyarthrite rhumatoïde (PR) gardent une morbimortalité plus importante que la population générale, liée en grande partie aux comorbidités, pathologies cardiovasculaires mais aussi infections, cancers et fractures ostéoporotiques. Or, elles sont moins bien prises en charge chez ces patients alors qu’elles impactent aussi le devenir de la PR. « Il manque certainement en France de consultations infirmières spécialisées pour prendre en charge ces patients en collaboration avec le rhumatologue », observe le Pr Soubrier.

Une étude prospective française, multicentrique, et menée en ouvert a été initiée par le Pr Maxime Dougados. Elle a randomisé 970 adultes, de 18 à 80 ans, ayant une PR stable depuis au moins 3 mois en deux groupes : dans l’un les participants étaient éduqués à auto-évaluer l’activité de leur PR, dans l’autre la consultation infirmière spécialisée dépistait les comorbidités et vérifiait la conformité des traitements et règles hygiénodiététiques aux recommandations françaises de bonne pratique sur le risque cardiovasculaire, infectieux, cancéreux et ostéoporotique. Les patients, le rhumatologue et le médecin traitant étaient informés.

Le critère principal était le nombre d’actions entreprises par patient pour respecter les guidelines pendant 6 mois : elles étaient significativement plus nombreuses dans le groupe qui avait bénéficié du dépistage des comorbidités par l’infirmière (4,54 versus 2,65, p ‹ 0,001), que ce soit pour la pathologie cardiovasculaire (2,03 versus 1,49, IRR (Incidence Rate Ratio) = 1,44), les infections (0,51 versus 0,29, IRR = 1,81), le cancer (0,93 versus 0,56, IRR = 1,65 ) et l’ostéoporose (1,08 versus 0,31, IRR = 3,45), (p ‹ 0,001 pour tous).

À la fin de l’étude, le pourcentage de patients ne remplissant pas les critères définis par les recommandations était significativement plus élevé dans le groupe auto-évaluation (2,62 versus 2,19, p ‹ 0,001, IRR = 1,27).

«Nous reverrons les patients à 3 ans pour savoir si le bénéfice obtenu par ce programme de prise en charge se maintient. Il pourrait aussi être étendu aux autres rhumatismes inflammatoires, et cette étude va être répliquée pour la prise en charge des comorbidités dans les spondyloarthrites », conclut le Pr Soubrier.

D’après un entretien avec le Pr Martin Soubrier, service rhumatologie, CHU Clermont-Ferrand.

 Dr MAÏA BOVARD-GOUFFRANT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9285