« Selon le type et le grade des événements indésirables, les complications des biopsies prostatiques concernent de 10 à 25 % des patients, ce qui souligne bien l’intérêt de la tenue d’un registre local », a rappelé le Pr Vincent Ravery. À côté des complications infectieuses (infection urinaire, prostatite), peuvent apparaître des saignements (hématurie, hémospermie, plus rarement rectorragie), ou des douleurs. Les complications urinaires transitoires concernent jusqu’à 25 % des patients, avec dans 2 % des cas une rétention. Les décès sont rares, mais toujours possibles: 1/1 000 dans l’étude nord-américaine PLCO et 2/10 000 dans un travail mené aux hospices de Lyon sur 11 000 biopsies.
Pour la prévention des infections, l’Association française d’urologie préconise dans certains cas la réalisation d’un examen cytobactériologique des urines, surtout pour des raisons médicolégales, et la prescription d’une quinolone une à deux heures avant le geste. La préparation rectale est optionnelle.
Identifier les facteurs de résistance
« Un des problèmes rencontrés actuellement est l’augmentation des résistances bactériennes aux fluoroquinolones, observée depuis 2005 et qui, par exemple, concernait 23 % des souches en 2010 à l’hôpital Bichat », a précisé le Pr Ravery.
les facteurs de risque de résistance doivent être identifiés: traitement récent par fluroquinolone, antécédents de biopsies prostatiques, voyage en zone d’endémie (Inde ou Moyen-Orient).
Un travail mené à l’hôpital Bichat sur plus de 2000 biopsies à l’origine de 22 infections fébriles ( 1 %) confirme l’accroissement des souches résistantes aux fluoroquinolones (44 %) sans augmentation des infections. Un constat qui incite pour l’instant à ne pas modifier les modalités de l’antibioprophylaxie.
Pour la prévention des saignements, un bilan de la coagulation est recommandé pour des raisons médicolégales en cas de facteurs de risque. Chez les patients traités par antiagrégants plaquettaires ou anticoagulants, il est important de discuter avec le prescripteur de la poursuite du traitement ou d’un relais par héparine de bas poids moléculaire (HBPM). Un travail ayant comparé maintien de l’acide acétyl salicylique (ASA), arrêt de l’ASA ou remplacement de l’ASA par une HBPM a montré que l’incidence des hémorragies était identique dans les trois groupes mais leur durée était en revanche prolongée sous ASA.
La problématique évolue avec l’apparition des nouveaux anticoagulants par voie orale (NACOs), prescrits notamment dans la fibrillation atriale ou en chirurgie orthopédique, et pour lesquels il n’y a pas de contrôle biologique, pas d’antidotes ni de recommandations claires sur leur manipulation et la sécurisation des gestes.
L’anesthésie n’augmente pas le risque d’infection urinaire et de prostatite, pas plus que la voie d’abord n’influence ce risque. Selon certaines études le risque s’accroît avec le nombre de prélèvements. Ainsi, le travail de Ehdaie (1) sur 403 patients en surveillance active rapporte un taux de 3,5% de complications infectieuses, avec 1% de germes résistants. Le taux de complications augmentait d’un facteur 1,3 à chaque biopsie.
« Nous devons ainsi évaluer dans les années qui viennent l’impact du changement du profil des patients, les conséquences des résistances, ainsi que celles du recours de plus en plus fréquent aux NACOs et des modifications de nos pratiques (biopsies ciblées et surveillance active). Ceci passe par la tenue de registres et l’adaptation des recommandations aux nouvelles données », a conclu le Pr Ravery.
D’après la communication du Pr Vincent Ravery, hôpital Bichat-Claude-Bernard, Paris.
(1) Ehdaie B et al. The Impact of Repeat Biopsies on Infectious Complications in Men with Prostate Cancer on Active Surveillance. J Urol 2013 Sep 6. pii: S0022-5347.
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