Le Quotidien : Comment avez-vous élaboré la technique HMIO ?
Pr Christophe Mariette : Alors que la thoracotomie est souvent incriminée comme principale cause de morbidité dans la chirurgie du cancer de l’œsophage, amenant de nombreuses équipes à évaluer la thoracoscopie (1), nous avons pensé plutôt à diminuer la dysfonction diaphragmatique consécutive à l’ouverture de chaque côté du diaphragme. Dès 2005 nous avons introduit la laparoscopie pour préparer la plastie gastrique en conservant le temps oncologique thoracique par voie ouverte. En dehors de ses avantages sur la morbidité postopératoire, évalués dans une étude cas-témoins avec des résultats encourageants (2), sa plus grande reproductibilité dans des mains non expertes nous semblait un avantage majeur pour assurer sa diffusion large. De là est né l’essai randomisé MIRO sur l’impact de l’HMIO versus la voie ouverte traditionnelle.
Que retenir de cet essai ?
C’est un essai randomisé multicentrique, financé par l’INCa qui a inclus 219 patients en 2 ans. Il est construit avec de hauts niveaux de qualité : formation des chirurgiens, réhabilitation rapide péri-opératoire, rapport de complications standardisé, complications évaluées en aveugle…
La morbidité per- et postopératoire majeure à 30 jours a été diminuée de 69 % dans le bras HMIO (odd ratio 0,31, p = 0,001). La morbidité médicale (notamment pulmonaire) diminue, la technicité n’augmente pas le risque chirurgical. Le caractère multicentrique est le garant de la reproductibilité. Avec un suivi de plus de deux ans, la technique n’a pas d’impact négatif sur les résultats oncologiques (survie globale et sans récidive). La tendance à une meilleure survie globale dans le bras HMIO incite à des travaux complémentaires. Les autres objectifs secondaires (impact médico-économique, qualité de vie) restent à analyser.
L’HMIO sera-t-elle le standard de demain ?
L’essai MIRO a reçu un accueil très favorable à l’ASCO GI, où l’HMIO a été considéré comme le futur standard international. La technique émerge dans les centres experts. Reste à la diffuser en s’appuyant sur ses avantages pour les patients et sa reproductibilité.
(1)Biere SS et al. Lancet 2012;379:1887-92
(2)Briez N. et al Br J Surg 2012;99:1547-53
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Pr Mariette : « Dans le cancer de l’œsophage opéré, l’importante morbidité globale est plus liée à la dysfonction diaphragmatique qu’à la thoracotomie ».
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