Dépistage du cancer de la prostate : l’AFU réagit à l’avis de la HAS

Publié le 06/04/2012
1333729063340339_IMG_81739_HR.jpg

1333729063340339_IMG_81739_HR.jpg
Crédit photo : PHANIE

« LA HAUTE AUTORITÉ de santé a donné sa réponse à la Direction Générale de la santé (DGS), remarque le Dr Patrick Coloby, urologue au CH de Pontoise et président de l’AFU. Selon elle, il n’y a pas d’intérêt à réaliser un dépistage systématique à l’échelon populationnel (....) C’est tout ce à quoi elle conclut. Le dépistage individuel reste de mise. » Du côté de l’AFU, les choses seraient claires. Si la HAS ne recommande pas le dépistage systématique, que ce soit dans la population générale comme chez les sujets à haut risque, l’intérêt du dépistage à l’aide des PSA n’est pas remis en cause.

« Nous ne sommes pas en contradiction avec la HAS », insiste le Dr Coloby. Mais même si la HAS mentionne en effet la possibilité d’un dépistage individuel dans son avis, force est de constater qu’elle reste pour le moins évasive. Elle l’envisage au détour d’un paragraphe en insistant sur « l’importance de l’information à apporter aux hommes envisageant la réalisation d’un dépistage individuel » sans s’avancer davantage sur ce terrain.

La HAS reconnait pourtant l’existence de facteurs de risque, à savoir les antécédents chez des collatéraux, l’origine africaine et antillaise, l’exposition à la chlordécone. « La HAS a statué ainsi tout simplement au vu du manque de données dans les populations à risque », raille Laurent Salomon, urologue au CHU Mondor et membre de la commission Cancer de l’AFU. La HAS indique en effet qu’ « il n’a pas été retrouvé d’éléments scientifiques permettant de justifier d’un dépistage (...) dans les populations (...) à plus haut risque » et qu’avant toute chose « des difficultés sont identifiées pour définir et repérer les populations masculines à plus haut risque ». Pour l’AFU, il revient alors au médecin de rechercher les facteurs de risque, d’évaluer le niveau de risque et de prescrire un dosage des PSA à titre individuel.

La HAS et l’AFU s’accordent totalement au moins sur un point. Alors que les PSA ne sont pas spécifiques du cancer, tout le nœud du débat réside dans le risque de surdiagnostics et de surtraitements. L’enjeu à l’avenir est de disposer de nouveaux marqueurs permettant d’identifier les cancers à évolution lente et ceux d’évolution plus rapide. « Les PSA peuvent être augmentés pour tout et n’importe quoi, explique le Pr Salomon. Un taux de PSA bas élimine le cancer et s’il est est›1,5, le risque de cancer est augmenté. » Le Pr Coloby renchérit en soulignant l’intérêt de disposer d’un PSA de référence. « L’idéal est d’avoir des PSA à différentes étapes, explique-t-il. S’il vaut mieux éviter d’en prélever trop souvent, un PSA réalisé tôt est plus prédictif. » À bon entendeur, salut.

Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr