Il y a 4 615 cas de cancer de l’ovaire en France chaque année, ce qui correspond à une incidence de 3 % (8e rang, le sein est au 1er) [1]. C’est un cancer rare mais il est de mauvais pronostic : 3 140 femmes en décèdent chaque année en France (4e rang, le sein toujours 1er). 85 à 90 % sont des formes sporadiques, 5 à 10 % des formes héréditaires (lire aussi page 12), 2 à 4 % des syndromes de Lynch, moins de 1 % d’autres formes héréditaires.
La survie à 5 ans est de 89 % pour le stade I contre 66 % pour le stade II. Or le diagnostic n’est réalisé aux stades I-II que dans 25 % des cas. Le diagnostic des stades III et IV est beaucoup plus fréquent (65 à 70 %), avec une survie à 5 ans inférieure à 30 %. Tous stades confondus, celle-ci est de 44 % (2). C’est dire la nécessité de ce dépistage précoce.
Méthode simple, détection précoce
Dépister implique avoir recours à une méthode simple, non agressive, économiquement supportable, suffisamment sensible et spécifique. La valeur prédictive positive doit être acceptable. Elle a été fixée arbitrairement à 10 % pour le cancer de l’ovaire : plus de neuf cas de chirurgie programmés pour de faux positifs sont nécessaires pour découvrir un cas de cancer invasif. Par ailleurs, le dépistage se doit de détecter la maladie à un stade précoce afin de mettre en place un traitement efficace et d’améliorer la morbimortalité (3). D’après Fleming (2011), chaque semaine de retard augmente le risque de 3 % de ne pas faire une chirurgie optimale.
Deux stratégies sont à envisager : d’une part le « dépistage général », chez les femmes asymptomatiques dans la population générale, d’autre part le « dépistage ciblé », chez les femmes à haut risque familial (BRCA…).
Une méta-analyse concernant le dépistage des cancers ovariens a été publiée en 2013 (READE). Dix études randomisées en ont fait partie, notamment la PLCO (2011) : prostate, Lung, colorectal and ovarian Screening, qui avait montré qu’il n’y avait pas de diminution de la mortalité dans le groupe dépisté par rapport au groupe contrôle ! En effet, le dépistage chez les femmes asymptomatiques ne diminue pas la mortalité, ni globale, ni par cancer, car le diagnostic se fait trop souvent à un stade avancé. Il aboutit d’un autre côté à une inflation d’actes chirurgicaux et de procédures de suivi injustifiées.
Un dépistage par échographie seule aboutit à 38 chirurgies pour la découverte d’un cancer ; par CA125 (lire encadré) : 4 chirurgies pour un cancer ; CA125 + écho : 13 chirurgies pour un cancer.
Recommandations
Les sociétés savantes (4) précisent ainsi qu’il n’y a pas d’indications à un dépistage en masse du cancer de l’ovaire par dosage annuel du CA125 et/ou échographie pelvienne transvaginale dans la population générale (niveau 1 grade A). Il faut dépister uniquement les femmes à risque âgées de plus de 35 ans. On utilisera pour ce faire l’association examen clinique + échographie + CA 125 tous les 6 mois. On étudiera la possibilité d’une annexectomie prophylactique bilatérale après 40 ans.
D’après la communication Endométriome ovarien : à faire et à ne pas faire. François GOLFIER (Lyon)
(1) Estimation-nationale-incidence-mortalite-par-cancer-France-1980-2012-Partie-1-V2.pdf
(2)Rapport- survie-INvS-INCa-2013 (1).pdf
(3) Mulley AG: Health maintenance and the role of screening, in Goroll AH, Mulley AG: Primary Care Medicine: Office Evaluation and Management of the
Adult Patient (ed 6). Philadelphia, PA, Wolters Kluwer/Lippincott Williams & Wilkins, 2009
(4) Recommandations de Saint Paul de Vence : Ovaire (mars 2012)
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