Le Pr Charles Sultan (Montpellier) a rappelé la définition du genre : ensemble des pratiques, comportements ou attitudes que la société considère comme appropriés à une catégorie sexuelle, permettant une classification de comportements masculins et féminins. Le genre se distingue du sexe (anatomique et/ou biologique) et de l’orientation sexuelle (hétéro-, bi-, homo-, sexuel).
Il répond à des critères de catégorisation binaire qui représentent les normes de notre société : descriptives et prescriptives. C’est en quelque sorte « la manière dont on voit son sexe par rapport aux normes de la société ».
C’est en 1930 que Margaret Mead parle « d’un rôle assigné aux individus selon le sexe et les caractères masculins ou féminins ». De nombreux auteurs s’emparent du sujet : entre autres A. Okley (1), R. Stoller (2), J. Butler et, bien sûr, Simone De Beauvoir (qui affirme dans Le Deuxième Sexe, non pas à propos du sexe biologique comme cela est parfois mal compris, mais à propos de la valeur performative du genre : « on ne naît pas femme, on le devient ! »).
J. Money (Baltimore, États-Unis) a sévi dans ce domaine de façon dramatique puisque son influence a abouti au suicide de deux jumeaux. Pour lui, le genre pouvait être réattribué hors de la réalité corporelle biologique. L’éducation par les parents, l’environnement et la société pouvait faire d’un sujet masculin un sujet féminin. Ce qui s’est avéré totalement faux.
Actuellement, les propos frauduleux de Farida Belghoul (affirmant qu’il y aurait un enseignement de « la théorie du genre » en classes primaires, des cours de masturbation à la maternelle, etc.) ont conduit quelques centaines de familles à retirer leurs enfants de l’école publique.
Ces provocations sont, pour le Pr Charles Sultan, très mal venues : le genre n’est pas une théorie, mais un outil conceptuel utilisé par les chercheurs qui travaillent sur les rapports entre hommes et femmes. C’est un concept qui permet d’étudier les différents phénomènes sociaux de l’identité de l’homme ou de la femme.
Il permet en outre d’analyser les comportements individuels ou collectifs, les expériences culturelles non imputables au sexe biologique, l’orientation sexuelle et l’articulation de ces paramètres avec le sexe biologique.
Pour les pédiatres, le petit garçon et la petite fille que l’on souhaite égaux sont identifiés comme différents dès leur naissance, à partir de leurs organes génitaux (sexe). Leur devenir au moment de l’enfance et de l’âge adulte sera marqué de manière radicale par cette différence. À propos du poids des normes sociales dans ces phénomènes, le Pr Sultan a conclu par cette citation d’Axel Kahn : « l’acquis a infériorisé la femme pendant des millénaires ».
D’après la conférence d’enseignement La théorie du genre : réalité ou fait politique ? Charles SULTAN (Montpellier)
(1) Ann Oakley. Sex, Gender and Society, 1972
(2) Robert Stoller. Sex and Gender, 1998
(3) Judith Butler Trouble dans le genre,1990
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