En préambule le Pr Dominique Gendrel précise le cadre et les limites de ces recommandations : "Elles s’appuient -comme toutes les recommandations internationales- sur l’evidence-based medecine. Celle-ci prend en compte les données diagnostiques et thérapeutiques largement acceptées par tous et les études réalisées avec une méthodologie de qualité. Celles-ci étant essentiellement d’origine hospitalière, les recommandations se focalisent de façon importante sur la prise en charge des diarrhées sévères hospitalisées et moins sur celle des diarrhées banales et très fréquentes de l’enfant traitées en ville. Les groupes de travail constitués d’hospitalo-universitaires et de méthodologistes accentuent encore cet hospitalocentrisme."
Les norovirus sont de très loin la principale cause des diarrhées aiguës de l’enfant, comme de l’adulte, le plus souvent bénignes et guérissant rapidement. Les rotavirus qui se rencontrent uniquement avant 3 ans donnent des GEA plus sévères et conduisent souvent à l’hospitalisation des nourrissons. Elles vont se réduire progressivement avec la généralisation du vaccin antirotavirus. Les diarrhées bactériennes sont rares en Europe et sont liées aux salmonelles et au campylobacter, les shigelloses étant souvent importées.
Quel bilan ?
L’examen microbiologique (virus ou bactéries) des selles n’est pas indiqué dans les diarrhées banales. Il n’a d’intérêt qu’en cas de gastroentérite d’aspect invasif ou de diarrhée sanglante à la recherche d’une étiologie bactérienne.
De même, les examens biologiques sanguins (ionogramme, marqueurs, de l’infection, etc.…) ne sont justifiés que dans les diarrhées hospitalisées pour déshydratation sévère ou suspicion de sepsis. En revanche, une diarrhée persistante doit faire rechercher une pathologie sous-jacente ou un déficit immunitaire.
La réhydratation orale reste le principal traitement des GEA.
La sévérité de la déshydratation de l’enfant est souvent due au retard à la mise en route de la réhydratation orale ou à des difficultés d’accès aux soins. « Dans les formes les plus sévères (chocs, vomissements majeurs) une réhydratation intraveineuse est souvent nécessaire, mais il faut y associer une réhydratation par voie orale. L’allaitement maternel ne doit pas être interrompu, la reprise alimentaire doit être précoce. Les laits pauvres en lactoses sont parfois utiles, mais aucune formule spéciale d’aliment de régime n’a fait la preuve de son efficacité et n’est systématiquement indiquée. Au cours de la phase aiguë de la diarrhée, très peu de données plaident en faveur des probiotiques et aucune n’est en faveur des prébiotiques » note le Pr Gendrel.
Enfin « aucun médicament n’est indispensable et n’est à recommander systématiquement, qu’il s’agisse d’antiémétiques, de ralentisseurs du transit ou d’épaississants. Les antibiotiques ne sont systématiquement indiqués qu‘en cas de shigelles, les infections à campylobacter et à salmonelles ne devant être traitées que dans les formes sévères. »
«Ces recommandations, précise le Pr Gendrel, n’apportent pas de modifications majeures de la prise en charge mais une meilleure appréciation de la fréquence des norovirus et de l’efficacité du vaccin anti-rotavirus chez le jeune enfant ».
Entretien avec le Pr Dominique Gendrel, hôpital Necker-Enfants Malades, membre du groupe de travail de l’ESPGHAN/ESPID de 2008 et 2014
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